C’est quand même bizarre cette façon qu’on a de vouloir mettre un nom sur tout… non ? À force de lectures – un peu dissipées je l’avoue -, je me sens presque coupable de n’avoir pas encore réussi à définir le style d’éducation que nous avons choisi (ou devrions avoir choisi ?) de donner à notre fils. J’aime lire les suggestions qui fleurissent un peu partout sur le net ou dans diverses publications mais je ne trouve rien dans lequel je me retrouve à 100 %. J’ai l’impression qu’en termes d’éducation, je butine. C’est grave, docteur ?
Bon, reprenons depuis le début. Il y a autour de nous plusieurs courants de pensée éducationnels. Certains sont très intéressants et peuvent être de bons outils pour guider les parents un peu perdus avec leur premier enfant ou peut-être avec un enfant qui présente un caractère fort. De toutes façons, lorsque l’on se sent démunis face au comportement de notre enfant ou lorsque l’on sent que la communication de notre noyau familial n’est pas idéal, rechercher des solutions dans des lectures avisées ou auprès de professionnels de la petite enfance ne peut être qu’une démarche positive.
Le maternage
Le terme « maternage » en lui-même peut en froisser certains, à cause de l’exclusion de la dimension paternelle. C’est pourquoi le terme de « parentage proximal » est apparu car un papa peut aussi paterner s’il le souhaite. Ben oui, pourquoi pas ? Mais qu’entend-on par-là ? Eh bien, cela désigne des pratiques de soin qui se veulent à l’écoute des besoins perçus de l’enfant, en partant du principe qu’un bébé n’a pas la maturité psychologique de faire des caprices de manière consciente (il ne se dit pas « si tu ne me prends pas dans tes bras tout de suite, je vais hurler pendant des heures pour te ruiner ta journée/nuit » ) et que ses pleurs sont donc l’expression d’un besoin primaire : dormir, manger, être changé mais aussi être rassuré et câliné, ce qui est reconnu dans le parentage proximal comme un besoin émotionnel qu’il est important de comblé pour le bon développement de l’enfant. Le parent « proximal » ne laisse pas pleurer son enfant et rejette de façon catégorique les théories des générations précédentes telles que « laisse-le pleurer, il en a besoin » ou « ça lui fera les poumons », « il a peut-être juste besoin de s’exprimer ou d’évacuer », «il te fait tourner en bourrique ». Bébé a peut-être besoin de s’exprimer en effet, mais le laisser pleurer seul équivaudrait à lui dire « tu peux t’exprimer mais personne ne t’écoute ». En gros. Le parentage proximal adopte des pratiques de proximité avec son enfant telles que le portage physiologique, le co-dodo voire même l’hygiène naturelle infantile (détecter les besoins d’élimination de l’enfant sans l’utilisation de couches).
J’aime : cette notion de proximité physique avec le tout jeune enfant – cela me convient bien, je suis persuadée que cela ne peut lui faire que du bien à un âge où il est infiniment dépendant de ses parents. Tout geste qui rassure profondément un bébé ne peut que bâtir sa confiance (en ses parents, en lui-même, dans le monde qui l’entoure).
J’aime moins : le côté un tantinet culpabilisant de la méthode lorsqu’elle est décrite par des parents peut-être un tout petit peu fermés à l’idée que chaque bébé et chaque cellule familiale est différente. On oublie peut-être aussi de rappeler que laisser bébé pleurer quelques minutes – non pour lui apprendre « à se gérer tout seul » - mais parce qu’on est fatigués, nerveux, découragés et qu’on a besoin de s’éloigner un peu pour ne pas perdre patience, c’est ok aussi. Même parents, nous sommes avant tout des êtres humains et en tant que tels, nous ne sommes pas parfaits. L’enfant aussi a, je pense, besoin d’être confronté à cette réalité et je ne pense pas que les parents doivent culpabiliser pour autant.
L’éducation bienveillante
Le concept d’éducation bienveillante ou de « parentalité positive », c’est avant tout des outils proposés aux parents pour gérer les situations difficiles avec leurs enfants qui grandissent, s’affirment et testent les limites qu’on leur soumet. Ces outils sont basés sur une communication positive et constructive (ça, j’aime vraiment bien). Ce cadre d’éducation demande aux parents d’agir et d’interagir avec leur enfant de façon sensible, chaleureuse, réceptive, tolérante et mature. Certains (pas tous) expliquent aussi que cette théorie se base aussi sur le fait que les besoins de l’enfant doivent toujours passer avant ceux des parents. L’éducation bienveillante rejette la grande majorité des postulats de l’éducation traditionnelle (dite « autoritaire »). On ne s’énerve pas sur un enfant qui s’énerve mais on reconnaît systématiquement l’émotion qui l’étreint (« oh je vois que tu es vraiment très fâché. »), dans le but de l’aider à reconnaître ses propres émotions, à se sentir compris et à désamorcer le conflit.
J’aime : la notion de communication de qualité entre les enfants et leurs parents. J’ai vraiment trouvé beaucoup de lectures intéressantes qui nous aideront dans le futur, j’en suis persuadée, surtout dans les situations de « conflits ». J’aime aussi le fait que l’on demande aux parents de se remettre en question… tant que cela ne tourne pas en obsession à la recherche de la parentalité parfaite, j’adhère.
J’aime moins : la façon un peu « robotique » que l’on risque d’adopter dans nos communications verbales avec l’enfant si l’on suit les recommandations à la lettre. Je reste quand même convaincue qu’il faut aussi rester soi-même dans nos rapports avec nos enfants. Que parfois maman est un peu impatiente ou papa un peu réservé mais que cela fait partie de qui ils sont. Les enfants aussi ont le droit de connaître qui sont vraiment leurs parents, et je pense que c’est sain d’être confrontés aux caractères et aux limites des autres. Ne faut-il pas de tout pour faire un monde ? J’ai parfois aussi un peu peur que la méthode ne mène à un certain laxisme, mais c’est peut-être une idée reçue : je n’ai pas encore le recul nécessaire pour en juger de façon objective et les partisans de la parentalité positive s’en défendent.
Education de tradition
Certains l’appellent aussi « éducation autoritaire » ou « militaire » (ce second terme n’est quand même pas très objectif en soi mais bon). C’est simple : c’est la façon dont la plupart d’entre nous ont été élevés, à des degrés différents bien sûr. Pas question de faire une crise en public, on n’y pensait même pas car nous craignions un peu la réaction sévère de nos parents, qui ne plaisantaient pas sur la chose. On savait en un regard qu’il fallait que l’on se calme car nous allions dépasser les limites. Il n’y avait aucun compromis possible sur la politesse et ce dès le plus jeune âge : on dit bonjour, au revoir, merci et s’il vous plaît. Pourtant je ne me rappelle pas avoir été corrigée « physiquement », je ne garde aucun ressenti de cette façon de faire et je suis plutôt satisfaite de l’éducation que j’ai reçue petite. Mais les limites étaient établies et beaucoup n’étaient pas négociables, que cela nous plaise ou non. Je ne me souviens pas que mes parents aient passé des heures à m’expliquer le pourquoi du comment et pourtant je pense avoir vite compris les choses. Maintenant, peut-être que si je prenais la peine de passer quelques heures sur le canapé d’un thérapeute, je me rendrais compte que cela a créé certaines faiblesses en moi, qui sait ? Mais en gros, je vais bien :). Par contre, si certains définissent l’éducation « autoritaire » comme une méthode qui accepte les corrections physiques, l’abus verbal ou la violence sous n’importe quelle forme… je dis non. Autoritaire, pourquoi pas. Abusif, pas question.
J’aime : peut-être à cause de la façon dont j’ai moi-même été élevée, je reste convaincue que poser des limites strictes sur les sujets qui ont vraiment de l’importance pour nous, c’est sain. Que se fâcher (de façon contrôlée) sur son enfant, lorsqu’il a des comportements inacceptables que l’on a déjà discutés au préalable, c’est aussi peut-être lui donner un goût de réalité du monde tel qu’il est : tout n’est pas toujours discutable, la frustration existe, certaines valeurs sont non-négociables et notre liberté s’arrête où commence celle des autres.
J’aime moins : (en fait je n’aime pas du tout) la notion de correction physique (même « légère ») qui s’attache encore parfois au concept d’éducation autoritaire. On demande à l’enfant de gérer ses pulsions « agressives » (on ne tape pas, on ne casse pas, on ne hurle pas) donc bon, laisser libre cours aux nôtres en pensant lui apprendre une leçon ne fait – à mon sens – que lui envoyer des messages contradictoires, lui montrer le mauvais exemple et l’humilier.
Donc en gros, où en sommes-nous à la maison avec notre petit monstre d’amour ? Et bien tout d’abord, oui, ça a plutôt tendance à m’énerver lorsque des proches (bien intentionnés ceci dit) disent devant les pleurs de mini « il est quand même capricieux, non ? ». Euh, là tout de suite, je pense juste qu’il apprend à gérer plein d’émotions nouvelles et qu’il a un peu de mal à se « contrôler ». D’ailleurs, il est bien trop petit pour intellectualiser le concept de contrôle des émotions. On n’envoie pas un bébé de 8 mois au coin pour méditer sur son comportement. Bon. Donc je ne le laisse pas pleurer seul pendant des heures « pour qu’il comprenne » parce qu’il ne comprendra rien du tout. Mais je ne peux pas non plus me définir en tant que parent proximal, car oui parfois – et surtout pour les moments de sieste – je le laisse se plaindre quelques secondes ou quelques minutes dans son lit tandis que j’attends de voir (ou plutôt d’entendre) comment sa frustration évolue de l’autre côté de la porte de sa chambre. Si ses plaintes deviennent des pleurs de détresse, je reviens, je le prends dans mes bras et je le rassure du mieux que je peux. Mais il arrive aussi souvent qu’après 30 secondes, il se calme. Il prend sa tutute en bouche, regarde son mobile les yeux dans le vague et … sombre dans le sommeil. Parce que oui notre bébé pleure parfois simplement parce qu’il est fatigué. Quand ça arrive, il rouspète encore plus fort quand il est dans nos bras, il lutte contre le sommeil comme un fou et trop de proximité physique ne l’aide pas. Il a besoin que les stimulations du monde extérieur se calment pour laisser le sommeil l’emporter au pays des rêves. Tout ça pour dire que nous sommes à l’écoute des besoins de notre enfant mais que tous les enfants sont différents et ont donc des besoins différents. On teste, on tâtonne, on essaye des trucs qui parfois lui conviennent pendant quelques semaines et puis d’un coup il évolue et nos méthodes pour le rassurer ne fonctionnent plus, donc on fait du mieux qu’on peut pour s’adapter.
Nous avons « chipé » au parentage proximal plusieurs concepts tels que le co-dodo (dans le même lit) pendant un mois et demi lorsque ses crises de reflux troublaient son sommeil et inquiétaient maman. Ça nous a sauvés. Puis il est resté dans notre chambre (dans son lit) jusqu’à ses 7 mois. Et puis, je me suis rendue compte qu’à force de réagir au moindre de ses gémissements, je troublais son sommeil plus qu’autre chose et en plus les ronflements (plutôt du genre tonitruants) de papa ne l’aidaient pas à passer d’un cycle de sommeil à l’autre de façon sereine. J’étais prête, je l’ai senti prêt et nous l’avons donc déménagé dans sa chambre. Ça s’est très bien passé. Mais c’est notre histoire, et ce qui convient à notre loulou ne convient pas forcément à un autre bébé. Certaines familles vont pratiquer le co-dodo pendant bien plus longtemps et c’est très bien aussi ! Je trouve d’ailleurs ça très beau, très tendre comme pratique, même si c’est un choix que nous n’avons pas fait, pour plein de raisons valides qui sont inhérentes à notre situation (unique, comme tous les autres) familiale. Je ne suis donc pas assez « proximale » pour certains, et déjà bien trop pour d’autres… Au pays des parents parfaits, on ne peut pas contenter tout le monde ;)
A ce stade, je ne peux bien sûr pas vous dire comment nous aborderons l’éducation de notre fils, lorsqu’il sera en mesure de commencer à raisonner, de comprendre le « non », de dialoguer. Nous avons plein d’idéaux, nous aimerions que tout aille comme nous l’imaginons, mais il faut bien s’avouer ce que nous avons appris à la dure au cours des derniers mois : on ne peut pas prévoir la réalité de la croissance de bébé, on ne sait pas quel sera son caractère, quelles seront ses forces et ses faiblesses. Mais nous rencontrerons bien sûr des difficultés, comme tous les parents. Et je serais heureuse alors de pouvoir « chiper » des astuces ou des pistes de solutions à l’une ou l’autre méthode, et notamment à la parentalité positive.
Certains parents se reconnaîtront totalement dans une méthode plutôt qu’une autre et essayeront d’appliquer ces techniques à la lettre. Et c’est très bien ! Mais élever son enfant de façon instinctive, sans adhérer à aucune « école » et sans s’y intéresser, c’est aussi tout à fait acceptable. Ici, on est entre les deux : j’aime lire, la psychologie (infantile ou non) m’intéresse, je suis curieuse de nature et je connais assez mes faiblesses pour reconnaître dans quelles situations j’aurais sans doute besoin d’un petit conseil avisé pour gérer au mieux.
Je vous conseille donc ci-dessous quelques lectures que j’ai trouvé très intéressantes et d’autres que je garde sous le coude pour plus tard, lorsque bébé deviendra bambin et testera ma résistance à l’énervement. Cela me donnera très certainement matière à plusieurs autres articles ;)
Et vous, comment voyez-vous les choses avec vos petits loulous ?
Je vous souhaite un excellent dimanche.
Amicalement,
Ludivine
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